On trouvait dans loeuvre de Mathilde Papapietro, plus que linscription dun signe dans lespace, la reconnaissance, le captage du signe préexistant et sa mise en évidence. Les brins dherbe greffés les uns aux autres, idéogrammes, en étaient lillustration; formes ouvertes, calligraphiques, élégantes, isolées ou accrochées en constellation. | |
Le mur uniforme, page vierge, devient inaccessible. Pour
retrouver lespace blanc, il faut franchir le réseau constitué par le ruban
adhésif et les aiguilles de pins. Lessentiel réside peut-être dans cet infime écart maintenu entre la paroi et les bandes dadhésif. Celles-ci sont en tension et embrassent létendue du mur de manière à en saisir lenvergure. Elles annulent dans le même temps leffet visuel premier de page décriture ou de portée musicale puisquelles ne renforcent pas la bidimentionnalité du support mais au contraire jouent lespace de façon tenue. Cet intervalle suffit à créer une profondeur qui renvoie la matière à son image et maintient dans le domaine du réel ce qui, collé au mur, serait devenu un signe. Le passage de la maquette à loeuvre in situ en témoigne. Dans la maquette, les aiguilles de pins prennent valeur et fonction de lignes grâce au rôle unificateur du fond. Le résultat obtenu est une image. Loeuvre dans le lieu, affirme sa présence réelle du simple fait de la possible projection de lombre sur la paroi.Les forces sont mobilisées pour tenter dorganiser un désordre (alignement), pour stabiliser ce qui est mouvant et fluide (fixation), tout en maintenant une certaine forme de précarité. Les bandes, à peine soutenues, restent en suspension, dans lespace, individualisées et autonomes. Les oppositions sont fortes entre les horizontales transparentes et les courbes diagonales aux orientations multiples des aiguilles de pins, entre la répétition régulière et les écartement sensiblement proches des premières et la répartition aléatoire des secondes. Ce nest pas le mouvement réel qui produit leffet dynamique mais le rythme généré par le nombre, la position, la densité des brindilles et leur inscription dans un parcours linéaire. Tout est en nuance. Le point daccroche de laiguille de pin sur le ruban est comme linstant fixé qui soudain fige la trajectoire. Au-delà et en deçà le mouvement se poursuit. Autant dinstants qui scandent et interrompent le parcours horizontal... La vie nest pas un long fleuve tranquille. Claire Viallat |